[PODCAST] L’oeuvre de Geneviève et Matthieu va au-delà les disciplines artistiques

Geneviève Crépeau et Matthieu Dumont forment un duo artistique, mais également un duo amoureux. Leur collaboration débute à la fin des années 1990. Elle complète un baccalauréat en arts visuel à l’UQAM en 1997 et lui, termine un baccalauréat interdisciplinaire en création visuelle à l’UQAT en 2000. Au début des années 2000, ils intègrent la musique à leurs oeuvres et adoptent une approche multidisciplinaire pour leurs performances et leurs expositions qui prend forme en 2010. « Geneviève écrit des textes. À partir de ses idées de scénario, on développe des oeuvres complètes. On aborde la musique d’une façon plus vivante. En ce moment, elle nous sert à faire nos performances mais on n’écarte pas l’idée de la sortir de manière plus officielle », explique Matthieu Dumont.

Dans l’industrie artistique québécoise, chaque discipline est souvent séparée selon une catégorie précise. Geneviève et Matthieu tentent de repenser cette conception et de voir les formes d’arts sans séparation hiérarchique. « On croit qu’il n’y a pas vraiment de disciplines. La discipline, c’est la création. On veut créer des oeuvres d’art total. Je pense que c’est la liberté artistique qui nous intéresse. Le mot "interdisciplinaire" peut nous énerver parce qu’on fait tout le temps référence à une discipline. On veut créer des oeuvres sensibles qui nous permettent de poser notre regard sur le monde et sur notre propre monde aussi. C’est important pour nous de parler de notre quotidien, notre vie d’artiste et la vie des artistes. On fait souvent la mise en abîme du regard de l’artiste sur son monde », éclaircit Geneviève Crépeau.

Cette manière de voir l’art leur permet de présenter les oeuvres du duo dans n’importe quel contexte ou endroit. Par exemple, leur dernière performance se nomme « M. Gros ». Cela fait référence à la technique d’enquête de la GRC, Mr. Big, qui sert à résoudre un crime grave non résolu. Geneviève et Matthieu abordent le vol d’idée artistique dans une ambiance policière macabre. « M. Gros » est joué au Théâtre Lachapelle et sous forme d’exposition dans une galerie d’art. Le projet évolue et s’adapte à son contexte. Le duo partira cinq mois à Paris pour travailler sur une version du projet en film. « Cela fait partie de notre démarche. Nos projets sont conçus pour pouvoir être présentés n’importe où. On a même présenté "M. Gros" dans les rues de Québec dernièrement. On vit des expériences différentes qui nous font évoluer et les oeuvres en même temps. Nous sommes basés à Rouyn-Noranda, donc quand nous travaillons, nous avons toujours en tête le déplacement. Geneviève travaille beaucoup avec le tissu. C’est un matériau intéressant parce qu’il se transporte facilement. Cette idée d’interdisciplinarité influence totalement notre façon de travailler », raconte Matthieu Dumont.

Le voyage et le partage sont au cieur des ambitions de Geneviève et Matthieu. « On a toujours été en mouvement. C’est vraiment au coeur de notre envie de créer. On ne crée pas pour être seuls dans notre atelier à travailler sur notre projet. Ce qui nous intéresse, c’est de rencontrer les artistes, les villes, les gens. C’est un désir de vivre et de témoigner de ce qu’on voit », développe Geneviève Crépeau.

En 2016, dans le cadre du projet interdisciplinaire « La Jamésie », le duo a lancé l’album « La Jamésie ostie / Les Enfants du plomb ». Ils travaillent présentement, avec l’aide de l’auteur-compositeur-interprète originaire de Rouyn-Noranda Philippe B, sur un livre et un disque découlant du projet « L’opéra d’or ». Il sera publié en édition limitée et à l’intérieur, et on y retrouvera un lien de téléchargement pour écouter l’album musical.

Pendant 20 ans, Geneviève Crépeau et Matthieu Dumont ont assuré la direction générale du centre d’artiste l’Écart, à Rouyn-Noranda. Il s’agit d’une véritable institution qui offre plusieurs services aux artistes afin qu’ils s’épanouissent dans leur art comme des espaces de production, des équipements spécialisés, des logements et un centre de documentation. En 2020, ils quittent leurs postes à l’Écart, voulant se concentrer sur leur pratique artistique et laisser la gestion du centre entre les mains d’autres gens qualifiés.