FIL : Éric Champagne raconte l’écriture de l’opéra « Yourcenar – Une île de passions »
C’est dans la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal que la soirée concert-rencontre, opéra-causerie, a eu lieu, mercredi 28 septembre, présentée en collaboration avec le Festival international de la littérature (FIL), l’Opéra de Montréal, le Festival d’opéra de Québec et Les Violons du Roy. Un opéra rendant hommage à l’écrivaine militante et avant-gardiste Marguerite Yourcenar. Le festival se poursuit à Montréal jusqu’au 2 octobre.
Hélène Dionne, avec son amie feu Marie-Claire Blais, entreprend l’écriture d’un opéra s’inspirant de la vie d’une écrivaine qu’elles admirent : Marguerite Yourcenar. L’une possède des connaissances en musique tandis que l’autre est autrice prolifique. Les librettistes montent un livret avec l’espoir d’inspirer un compositeur pour que leur vision prenne vie.
« Yourcenar – Une île de passions » est un opéra en deux actes racontant la vie de l’écrivaine Marguerite Yourcenar avec sa compagne Grace Frick et son compagnon Jerry Wilson, mais ça n’est pas une biographie. C’est une fiction vraie », explique Hélène Dionne dans une entrevue avec Winston McQuade. Marguerite Yourcenar était une femme de passions, vouée à la création, quelqu’un pour qui la condition humaine était un enjeu principal dans son oeuvre. Militante et avant-gardiste quant aux enjeux environnementaux et sociaux, l’opéra se concentre sur les tensions à partir desquelles Marguerite Yourcenar a construit sa vie de femme, de compagne et d’écrivaine.
La soirée était animée par Pierre Vachon, qui, quand il ne demandait pas aux artistes de l’épouser, écoutait avec grand intérêt les dires des intervenants. Entre deux airs d’opéra, extraits de « Yourcenar – Une île de passions », il a reçu la soprano Kimy McLaren, qui interprétait le rôle de Grace Frick, la conjointe de Marguerite Yourcenar, Éric Champagne le compositeur de l’opéra, et la mezzo-soprano Stéphanie Pothier, qui chantait Marguerite Yourcenar.
Éric Champagne a rapidement accepté le projet. Le compositeur a écrit l’opéra en deux temps : d’abord au piano, puis il a composé l’opéra en pensant au reste de l’orchestre. Cela signifie que l’opéra peut aussi se jouer simplement avec un piano. Il s’agit d’une méthode qu’il n’utilise pas souvent, a-t-il expliqué lors de la rencontre.
Il s’est amusé avec la composition. Ayant une liberté complète, il a créé des motifs musicaux pour les noms des personnages principaux de l’opéra. Les lettres se transforment en notes. Les noms Marguerite, Yourcenar, Crayencour, Grace Frick et Jerry Wilson deviennent des airs musicaux que le public peut reconnaître, des airs que la pianiste Holly Kroeker a joués pour que le public remarque les nuances, et se remémore ce qu’il venait d’entendre. Ces phrases musicales apparaissent comme des leitmotivs tout au long de l’opéra, et à partir des notes des noms, il crée d’autres mélodies que le public va reconnaître.
De nature, les opéras sont grandioses. C’est un art total, et il est très exigeant lorsque le chanteur connaît déjà la pièce jouée. Or, dans le cas de « Yourcenar – Une île de passions », il n’existait pas de base sur laquelle les interprètes pouvaient s’inspirer, contrairement à Faust par exemple, où ils peuvent écouter et choisir leur version. C’était un saut dans le vide, raconte Stéphanie Pothier pendant la soirée. La partition n’était pas encore sur papier, contrairement aux autres projets que la troupe accepte, pour lesquels elle prend le temps de lire et d’apprendre la partition. Mais à l’inverse, Éric Champagne était présent et disposé à aider les comédiens. Les créatrices et les personnes impliquées dans la création de l’opéra l’étaient également.