Un collectif de l’intelligence artificielle pour tous dans la métropole de Nantes
Maître de Conférence à l’Université de Nantes et chercheur au Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes et titulaire d’une thèse en intelligence artificielle, Francky Trichet occupe aujourd’hui le poste d’adjoint au maire de Nantes en charge de l’innovation et du numérique. Il était de passage au Québec pour la série de conférences MTL Connecte, organisée dans le cadre du Printemps numérique, pour présenter les actions prises par la Métropole de Nantes en matière de numérique et d’intelligence artificielle.
Francky Trichet est aussi l’un des instigateurs de NanonedIA, un « collectif nantais de l’intelligence artificielle pour tous », lancé dans le cadre du 10e Web2day et regroupant chercheurs, entreprises et collectivités, soit, en tout, une trentaine de partenaires de Nantes Métropole. « Nous cherchions un objet qui nous rassemble et qui déploie nos valeurs, explique l’adjoint au maire responsable de l’innovation et du numérique. Nous avons créé un manifeste très local pour poser les principes, soit la transparence, le décloisonnement et la traçabilité des données, le respect de la vie privée, l’acculturation, et la gouvernance qui sont les premiers enjeux. Il ne s’agit pas d’un geste politique, mais d’un engagement moral. Nous avons fait un travail sur lequel on a gagé sur le fonds plutôt que sur la politique réglementaire. »
Ce manifeste se veut un principe de régulation entre les partenaires, un engagement moral qui a plus de valeur qu’un engagement formel. Derrière cette initiative, on retrouve également une envie de faire de la vulgarisation. « Nous voulons rester humbles et lucides face aux enjeux et aller beaucoup plus loin en ce qui a trait à l’intelligence artificielle, souligne-t-il. Nous avons ensuite lancé des expérimentations avec des consortiums. »
Ces expérimentations visent trois domaines. Tout d’abord, le logement, qui doit être à un juste prix ; ensuite le surendettement, quatre banques se trouvant autour de la table, l’idée s’avérant de voir comment éviter le surendettement, chaque banque ayant son algorithme et sont invitées à mettre leurs outils en commun et changer de paradigme ; enfin, le gaspillage dans les menus des écoles, les parents pouvant dire avec un délai très court si leur enfant sera à la cafétéria ou pas, ce qui réduit de 10 à 15 % les pertes, l’intelligence artificielle permettant de les réduire. « Ces trois sujets démontrent les bénéfices de l’intelligence artificielle, estime Francky Trichet. Il faut aller sur des choses concrètes au quotidien. »
Nantes Métropole s’est également dotée d’une Charte sur la donnée publique qui se décline en quatre éléments. Les données publiques doivent : être d’intérêt pour la métropole ; avoir des effets sur la vie, comme la présence de locations Airbnb ; la souveraineté ; la sobriété, afin de ne pas stocker des données inutiles ; et la transparence sur les algorithmes, pour interdire toute intelligence artificielle axée sur les individus.