La Mise à l’aveugle / Simon Galiero / Québec / 2012 / Les Films de l’Autre
Une ancienne directrice financière, mystérieuse et stoïque retraitée dont l’entourage se fiche éperdument, revient habiter le quartier modeste de son enfance. Elle y découvre progressivement un sympathique voisinage, dont plusieurs sont adeptes de poker. En même temps qu’elle multiplie les efforts pour de garder contact avec son fils rébarbatif, à qui elle a légué son poste au sein de la compagnie, elle tente de se refaire une vie, séparée de son mari. Au poker, la mise à l’aveugle est une mise obligatoire, tout comme celle, multiple et inévitable, que doit exécuter la protagoniste devant l’indifférence.
Avec ses dialogues serrés, naturels et souvent explosifs, sorte d’hybride tout à fait réussi entre André Forcier et Stéphane Lafleur, Simon Galiero dresse principalement dans ce deuxième long métrage le tendre portrait d’une femme mature, attachante et habitée, brillamment incarnée par la comédienne Micheline Bernard. Le film jouit d’une solide brochette d’acteurs connus et tous irrésistibles, tels que Marc Fournier, Christine Beaulieu, Julien Poulin, Pierre-Luc Brillant, ainsi que Louis Sincennes. Ce dernier y joue d’ailleurs avec candeur un alcolo fort et fragile à la fois, et il s’agit d’un (tardif) premier grand rôle au cinéma pour ce comédien de 65 ans. Les périphéphies et les amours des personnages poussent parfois le loufoque tout près de l’absurde mais surtout, elles témoignent d’une émanente humanité qui se moque des générations ou des classes sociales. Le réalisteur ne manque pas d’écorcher au passage le matérialisme de notre époque, en même temps que de louer un certain esprit communautaire ou familial renouvelé, optimiste somme toute malgré ses critiques sociale.
Simon Galiero a écrit, réalisé, monté et produit ce deuxième long métrage, tourné entièrement en 16mm avec relativement peu de moyens, ce qui n’empêche nullement l’oeuvre d’atteindre son public, même les moins enclins au jeu de poker. Le réalisateur remportait en 2009 au FNC le prix du meilleur film canadien avec « Nuages sur la ville ».
