« Si l’aurore » : Marie-Pierre Arthur chante le désir dans tous ses états

Pour elle, il n’y a pas d’anachronisme en musique, que d’enthousiasmantes trouvailles, que de réjouissantes superpositions. Blue-eyed soul, soft rock, yacht rock et prog s’entrelacent donc sous le signe d’un chaud désir de bercer les cœurs tout en faisant bouger les hanches.

Parce qu’elle est, il faut bien le rappeler, d’abord et avant tout bassiste, Marie-Pierre Arthur a souhaité la suite de « Aux alentours » plus duveteuse, plus suave, plus ronde que ses prédécesseurs. Ce désir se manifeste dans des choix d’arrangements qui s’éloignent du folk-rock. Marie-Pierre Arthur signe ici ce genre de pièces, précieuses parce que rares, qui s’écoutent aussi bien pour faire la fête qu’au lit, dans les bras de l’être aimé.

Si Marie-Pierre retrouve son fidèle acolyte François Lafontaine, réalisateur et principal compositeur de « Si l’aurore », le noyau créatif de musiciens habillant ses chansons a, lui, subi quelques changements. Les camarades Samuel Joly, batteur exceptionnel, et le guitariste Joe Grass amènent tous deux un souffle nouveau aux chansons. Par ailleurs, la musicienne n’a pas pu s’empêcher de faire appel aux vieux amis et collaborateurs de toujours : Robbie Kuster, Olivier Langevin et Louis-Jean Cormier.

Se sont aussi pointés le nez en studio Nicolas Basque, José Major et Guillaume Doiron, avec qui elle a souvent partagé la scène. Nommons aussi Yannick Rieu qui, en un seul solo, fera taire tous les détracteurs du saxophone. « Il n’y a pas de mauvais son, que des mauvaises façons de les utiliser », dira d’ailleurs Marie-Pierre au sujet de quelques-uns des claviers dépoussiérés par « Si l’aurore », instruments que l’on croyait pour toujours remisés dans la garde-robe des sonorités révolues.

Côté textes, Marie-Pierre Arthur renoue avec Gaële afin de scruter sous toutes ses coutures l’éternelle question du désir, qu’évoque d’emblée la pochette. Désir brûlant, désir contrarié, désir déçu, désir douloureux, désir destructeur traversent tous le ciel de ce Si l’aurore écrit pendant qu’autour de la chanteuse les relations s’étiolaient. « C’est drôle, il y a des années où tout le monde a des problèmes d’argent, d’autres années où tout le monde s’achète des maisons. Cette année-là, tout le monde traversait des tempêtes amoureuses. »

Espérons fort que la prochaine année sera celle de l’aurore qui se lève de nouveau. Avec cet album de Marie-Pierre Arthur dans les oreilles, tous les espoirs sont permis.