Le CTD’A monte « La pudeur des urinoirs », un essai d’Olivier Arteau et Fabien Piché
Masculin, féminin, genré, androgyne, maniéré, désinvolte, vulgaire ou pudique, notre corps et nos manières de nous mouvoir sont l’objet de constructions socioculturelles bien ancrées en chacun de nous. Les artistes pluridisciplinaires Olivier Arteau et Fabien Piché s’interrogent sur la honte que l’on peut ressentir face à notre gestuelle.
Dans la vitrine du CTD’A rue Saint-Denis, les deux créateurs ne peuvent se dérober à la vue des passant·e·s et sont soumis au regard du public via une diffusion en direct. Ils mettent à l’épreuve leurs limites physiques et psychologiques dans un essai performatif de longue durée qui explore les différents états du corps. Au cours de deux cycles de plusieurs jours, ils se confinent à deux lieux de vie distincts, ingénieusement conçus par le scénographe Patrice Charbonneau-Brunelle : un tapis roulant et un casier.
Fascinés par les effets de l’épuisement, les deux performeurs cherchent l’espace qu’il nous reste pour exister à l’abri de l’égo et du regard de l’autre et posent la question : nos corps nous appartiennent-ils ? La pudeur des urinoirs est une expérience radicale et totale qui mise sur le caractère vital de la solidarité, de la persévérance et de l’écoute pour venir à bout de la honte.
Volet 1 : Tapis roulant dès le 18 mars
Ensemble, à tour de rôle, en talons, en sneakers ou pieds nus, ils se font face et marchent, chacun sur un tapis roulant incliné, accumulant des kilomètres sans jamais pouvoir s’atteindre. Symboles visibles de leur effort, ils doivent maintenir allumées - grâce à l’énergie générée par leur marche - des ampoules reliées à leur dispositif.
Volet 2 : Casiers dès le 25 mars
Évoquant une période charnière dans la formation des identités, ils s’enferment dans deux casiers de métal de 6 x 3 x 3,4 pieds. À l’intérieur, ils s’immobilisent, s’ennuient, s’invisibilisent. Des ouvertures permettent toutefois à leurs mains de se toucher et ils peuvent dialoguer de façon intime avec le public grâce à une ligne téléphonique.
Combien de temps vivront-ils sous ces contraintes ?
« Nous souhaitons explorer les traces que le regard d’autrui a laissées sur notre identité, sur la façon dont ce regard a été source de honte, de questionnements identitaires, et les potentiels d’actions qui sont générés par ces tensions accumulées, confie Olivier Arteau [...] Afin de rester stimulés durant cette pause imposée, nous souhaitons questionner nos aprioris artistiques en explorant de nouvelles approches de création, de nouvelles manières d’aborder le corps au-delà du figuratif ou du chorégraphique. »
- Idéation et performance : Olivier Arteau, Fabien Piché
- Espace : Patrice Charbonneau-Brunelle
- Assisté : de Wendy Kim Pires
- Production : Théâtre Kata, Centre du Théâtre d’Aujourd’hui