Le C2-MTL et le chant des casseroles
La gigantesque installation de C2-MTL évoque par sa fraîcheur, son « look », ses intentions créatives… le passé. Comme les débuts du Web public lorsque les apôtres clamaient envers et contre tout qu’Internet allait bouleverser la planète, changer notre mode de vie pour le mieux, améliorer nos relations avec notre environnement, modifier notre manière d’interagir entre nous, définir une Humanité en mode 1.1 « updaté ».
C2-MTL rappelle également la grande fête d’ISEA 1995 dont le menu réinventait littéralement les arts. Nous sommes en 2012 et C2-MTL remet le futur et la créativité sur le tapis. Et ça fait du bien.
En même temps que l’événement évoque également une certaine déception. Est-ce parce que le milieu techno a la mémoire très courte et qu’il oublie systématiquement ses bonnes idées pour s’éclater avec les nouveaux concepts de l’heure ?
Qu’est-il arrivé aux bonnes intentions d’il y a 15 ans ? Pourquoi cette large impression d’inachevé ? Est-ce parce que la communication sur Internet a changé bien des choses mais pas le fond des choses ? Que les agences de publicité, les fabricants de tablettes, de mobiles et autres profitent largement d’Internet mais que pour la société, c’est moins sûr ? Est-ce que quelqu’un a prononcé le mot « civilisation » ?
Se pourrait-il qu’après 20 ans de progrès Internet il manque encore aux quoi et aux comment abondamment discutés un POURQUOI ? Et un POUR QUI ?
Pour la première fois en Amérique du Nord, le chant des casseroles que l’on bat pour protester résonne. Il résonne dans les rues de Rosemont, autrefois un des épicentres de la pauvreté ouvrière à Montréal. Et cette musique, en contrepoint aux élancées technos qui remplissent la salle de conférence de C2-MTL, amorce peut-être un début de réponse aux questions. En rappelant que le commerce, la créativité et le progrès, c’est bien. Mais complètement inutile si les bénéfices ne se font pas sentir dans l’ensemble de la société.
