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    Vivek Shraya se transforme en artiste multidisciplinaire avec sa pièce « How to Fail as a Popstar » «How to Fail as a Popstar». Photo: Vanessa Heins

    Vivek Shraya se transforme en artiste multidisciplinaire avec sa pièce « How to Fail as a Popstar »

    10 février 2023, 07h39
         |      Article rédigé par Constance Biron     

    « How to Fail as a Popstar » est la première oeuvre théâtrale de Vivek Shraya. Ce spectacle solo raconte son parcours musical, de ses débuts à Edmonton, au secondaire, en passant par Toronto. La musique est l’amour de sa vie, mais cet amour n’est pas toujours réciproque, apprend-elle. Vivek Shraya relate avec humilité, humour et musique ce parcours parfois rocambolesque.

    Présentée au Théâtre La Chapelle à Montréal dans le cadre de Queer Performance Camp, « How to Fail as a Popstar » est né de nombreuses lectures de biographies musicales pour faire de la recherche. En lisant des textes sur Timbaland ou Joni Mitchell, Vivek Shrava a le désir d’écrire sa propre biographie. Petit hic : le thème incontournable des biographies musicales est le succès. « Quand Joni Mitchell parle du moment où elle s’est assise pour écrire "A Case of You", on sait de quoi elle parle. Mais si moi je raconte le moment où j’ai écrit telle ou telle chanson, personne ne va savoir de quoi je parle », explique l’artiste.

    « Alors j’ai commencé à penser à des histoires d’échec, et où est la place pour les histoires qui ne parlent pas de succès. Soudain, le théâtre m’a semblé l’endroit parfait. Ça fait des années que je pense au théâtre, je n’avais pas encore trouvé la bonne histoire à raconter. Il y a quelque chose dans l’environnement de la narration en direct qui me disait que ça allait fonctionner. »

    Dès le début de l’écriture de sa pièce, Vivek Shrava ne souhaitait pas que ce soit un processus solitaire, devant un ordinateur à écrire. Elle voulait que ce soit un travail plus collaboratif. Son directeur de projet lui a donné des idées pour guider la création, et Vivek Shrava enregistrait ses réponses à haute voix plusieurs fois, puis rédigeait ses réponses. Le scénario s’est créé ainsi, pour que le texte soit davantage oral.

    « How to Fail as a Popstar » révèle les échecs vécus par Vivek Shrava pendant son parcours professionnel. « Il s’agit aussi de célébrer les essais. Je pense que pour moi, ce qui m’a époustouflée en travaillant là-dessus, c’est que c’était audacieux pour moi, un gamin queer brun d’Edmonton, de penser que ça pouvait fonctionner. Cet enfant était fou ! Mais je célèbre ce gamin. Parce que je n’aurai plus jamais ce genre de naïveté ! L’histoire raconte ce que signifie célébrer quelqu’un qui essaie, contre toute attente. »

    La pièce dépeint la manière dont la trajectoire du succès et de la musique a changé au fil des ans. D’abord pour avoir l’affection de sa mère, ensuite pour obtenir une protection contre des intimidateurs au secondaire, qui s’est transformée en amour pour la musique pop. « Mon désir de pop star n’a pas commencé tout de suite. C’était graduel. Le truc avec la musique pop, c’est une chose si triviale de vouloir être une pop-star. Mais pour un enfant queer d’Edmonton, la musique pop est une évasion, un moyen de survie. Ça m’a permis de continuer. Et j’avais l’impression que si je pouvais incarner cela, je pourrais avoir un autre type d’existence. La pièce essaie également de repousser la façon dont nous banalisons la musique pop et la considérons comme jetable. »

    Vivek Shrava relate tous les moments où parler d’échec s’est avéré tabou. En entrevue, quand elle parle de ces moments, de ses défaites, on lui rappelle toujours qu’elle est ambassadrice pour la compagnie de maquillage MAC, ou qu’elle a été sélectionnée pour le prix Polaris. Elle explique que la culture contemporaine nord-américaine n’est pas capable de laisser la place aux échecs et à la déception. Selon elle, il n’y a aucun lieu où dire que quelqu’un a échoué. Or, l’échec, rappelle-t-elle, est universel. Mais malgré cela, une honte traverse quiconque échoue à quoi que ce soit. Avec sa pièce, elle veut créer cet environnement pour honorer les échecs du quotidien, de petite ou grande ampleur. Il est possible d’avoir une belle vie, d’être heureux, mais d’échouer quand même. Les deux ne sont pas incompatibles et peuvent vivre côte à côte.

    Avec cette affirmation, Vivek Shrava sait que c’est une destination longue et tumultueuse pour apprécier les échecs. « Je sors un nouvel album cette année et c’était tellement amusant à faire. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas amusée comme ça. Et je pense que j’avais besoin de reconnaître mon échec, j’avais besoin que d’autres personnes entendent mon échec, pour que je puisse passer à autre chose. Je suis vraiment de cette école où il faut ressentir l’émotion avant de pouvoir la traiter. Et dans la trentaine, je n’ai jamais créé l’espace pour simplement dire que cette chose fait mal. Je dirais donc qu’admettre et reconnaître l’échec m’a permis d’être heureuse maintenant. Et avec la musique, je ressens un nouvel amour. »

    Amour difficile cependant. Vivek Shrava est une artiste trans, d’origine indienne. Ce qui a le plus influencé sa voix au cours de sa carrière est le racisme. Ce que les gens entendent d’abord en écoutant ses chansons est le fait qu’elle est indienne. Les gens prétendent entendre cette soi-disant « influence indienne » dans sa voix et dans ses chansons. Ce faisant, elle « blanchit » son timbre pour se fondre dans la masse. Il lui aura fallu des années pour accepter sa voix telle qu’elle est. « Les gens entendront ce qu’ils entendent et ce qu’ils veulent entendre. S’ils voient un visage brun, ils vont y projeter un récit particulier. Je suis toujours curieuse de savoir ce que les gens diraient de ma musique s’ils ne me voyaient pas en premier. »

    Mais sa voix est différente. Elle a grandi en écoutant de la musique indienne et des groupes de R&B. Des chanteurs et des chanteuses avec des voix distinctes. Certains aiment, d’autres non. Pour renouer avec la musique et redécouvrir sa voix, la vraie, Vivek Shrava suit des cours de musique depuis quelques années. « Ces séances avec ma coach vocale m’ont fait réaliser à quel point je retenais ma voix, à quel point j’essayais de la garder douce, plus contrainte. Je me suis retenue sur les choses que je pouvais faire, parce que je voulais être accessible, pour m’intégrer, pour être blanche, essentiellement. Ma coach vocale m’a essentiellement donné une thérapie émotionnelle avec ma voix. Et elle m’a encouragée à accepter mon originalité. Certaines personnes vont aimer, d’autres non. Cela n’a pas d’importance. »

    Sa trajectoire n’a pas suivi le plan qu’elle avait tracé. Maintenant, si Vivek Shrava est reconnue, c’est plutôt pour ses livres que pour sa musique. Comme si elle avait vécu une peine d’amour avec la musique dans sa trentaine, elle a juré ne plus jamais écrire de chansons. « J’ai commencé à écrire des nouvelles et j’ai fini par écrire mon premier livre. Je l’ai autopublié et la réponse a été formidable, plus grande que pour ma musique. J’ai donc pensé que j’avais beaucoup à dire sous d’autres formes. C’est super que ce travail soit reçu positivement, mais je me vois d’abord comme une musicienne, et les gens me voient comme une écrivaine. C’est un peu comme être mal genré, si vous voulez. Mais ce qu’il faut savoir à propos de la vie et de l’art, c’est que vous ne pouvez pas réellement contrôler ce qui va avoir un impact. Donc, plus je vieillis, plus il s’agit de continuer à faire de l’art, et j’espère que quelque chose émouvra le public », conclut-elle.

    Vivek Shrava ne va jamais abandonner ce rêve de devenir pop-star. Mais en vieillissant, les rêves changent, se transforment, et avec eux l’idée du succès varie. Elle reste très reconnaissante d’être une artiste, de pouvoir faire son spectacle devant public, et de continuer à écrire de la musique. Son nouveau single « Good Luck (You’re Fucked) », sorti le 7 février, renoue avec sa carrière musicale, et fera partie de son prochain album « Baby, You’re Projecting » produit chez Mint Records.

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