Catherine Dagenais-Savard et Sacha Ouellette-Deguire.
Photo: Sylvie-Ann Paré
« Radicale vitalité, solos et duos », de Marie Chouinard : morceaux choisis des quatre dernières décennies
En première nord-américaine, la troupe de Marie Chouinard présente à la Place des Arts jusqu’au 1er février un recueil aussi improbable que captivant de courtes formes, choisies dans son répertoire de 1980 à 2018, mis à part deux morceaux absolument inédits. La collection s’intitule « Radicale vitalité, solos et duos », et comprend 25 segments, variant d’une à dix minutes. Cette revisite intègre toujours quelques musiques « classiques » (Chopin, Haendel), mais également et surtout celles du musicien électronique Louis Dufort.
Carol Prieur. Photo : Sylvie-Ann Paré.
Carol Prieur et Sacha Ouellette-Deguire. Photo : Sylvie-Ann Paré.
Fidèle à son habitude, la flamboyante chorégraphe signe de somptueux éclairages (à part un seul des duos, d’Axel Morgenthaler), les partitions sonores, la plupart des nombreux costumes éclectiques (quelques-uns sont de sa collègue Liz Vandal), le choix des accessoires, la réalisation vidéo et la scénographie.
On y est transporté dans plusieurs univers, parfois très organiques, imitant des animaux (des oiseaux notamment), sous une neige qui tombe, parfois dans une atmosphère tendre et amoureuse, tandis que d’autres se veulent plus humoristiques et cocasses, ou portent à réfléchir sur la danse elle-même. L’on y mélange beaucoup de voix, d’exaltations, de gémissements, des élans de désir, des rires et des pleurs, du chant aussi, un peu de texte et probablement même du lipsinc à un moment, le tout assaisonnés de sons concrets, industriels, drone ou de rythmiques hétéroclites (parfois générées par les danseurs eux-mêmes), parfaitement synchronisées avec les mouvements.
Des visages tendus ou se croisant du regard s’agitent et grimacent, une force, un aspect théâtral prisé chez Marie Chouinard. À quelques occasions, un éclairage détermine en outre différents espaces scéniques, comme une grande pièce rectangulaire entourée de bleu, où l’on évolue à la claquette, ou encore des cercles blancs, espèces de bains allégoriques (en convention), où deux interprètes viennent plonger, se revigorer et se surprendre. À deux reprises on filme en vidéo direct de gros plans, en noir et blanc, projetés sur un grand écran au fond de l’espace scénique. D’abord on observe le visage d’une danseuse qui se manipule et se triture ardemment la figure. Dans un autre temps, la caméra ne garde que deux paires de mains, fort expressives, qui se joignent, s’entrelacent, se confondent et s’entortillent. L’usage de masques aux symboliques éloquentes viennent enfin animer le jeu des danseurs à trois reprises, comme cette tête à quatre faces, ou encore ces ballets interprétés à plusieurs, avec le « Passage des dames » et les « Passages têtes », toutes issues du spectacle « Le Nombre d’or (live) » de 2010.
Après la représentation du vendredi 31 janvier de « Radicale vitalité, solos et duos », Danse Danse propose une rencontre avec les artistes du spectacle.
« Radicale vitalité, solos et duos »
- Ballet en deux actes sans entracte
- Durée Acte 1h47 min. Pause : 3 min. Acte 2 : 38 min.
- Première mondiale Biennale de la danse de Venise, Italie, juin 2018
- Chorégraphies : Marie Chouinard
- Interprètes : Michael Baboolal, Adrian W.S. Batt, Jossua Collin-Dufour, Valeria Galluccio, Kimberley De Jong, Motrya Kozbur, Luigi Luna, Sayer Mansfield, Scott McCabe, Sacha Ouellette-Deguire, Carol Prieur, Clémentine Schindler, Celeste Robbins
- Musiques : - 2-6-7-12-14-15-17-18-19-21-23-24-25. Frédéric Chopin (Prélude no 5, opus 28) - 8. Georg Friedrich Haendel (Lascia Ch’io Pianga, interprèté par Montserrat Caballe) - 10. Carles Santos - 11
- Partitions vocales : Marie Chouinard
- Lumières : Marie Chouinard, sauf 8 - Axel Morgenthaler
- Vidéo, scénographie et accessoires : Marie Chouinard
- Costumes : Marie Chouinard, sauf 2-7-23 - Liz Vanda.
- Maquillage : Jacques-Lee Pelletier
