«D’os et d’écorce».
Photo: Courtoisie
« D’os et d’écorce », de Sinha Danse, une confluence de cultures
Présenté ces jours-ci à l’Agora de la danse à Montréal, « D’os et d’écorce » est un spectacle hybride créé en collaboration avec ses six danseurs, le chorégraphe et ici joueur de didgeridoo Roger Sinha, en plus du percussionniste Bertil Schulrabe, qui joignent leurs musiques à la compositrice Katia Makdissi-Warren dans une cérémonie rassembleuse.
Sur fond de plancher blanc et grand écran de même taille, la danse contemporaine côtoie les gestuelles indiennes et les arts martiaux notamment, dans un ballet tribal aux lignes généreusement géométriques et synchronisées, comprenant de multiples solos, duos, trios, qui croissent progressivement en nombre et en effervescence avec le rythme.
S’ajoutant aux souffles de tous les interprètes, à divers sons qu’ils produisent et à leurs chants (classiques, indiens), captés par un micro placé en haut du centre de l’espace scénique, des chants de gorge inuits préenregistrés (gracieuseté de Nina Segalowitz et Lydia Etok) viennent également se mêler à la trame sonore contemporaine. Le multi-instrumentiste Pierre-Olivier Bolduc aura en outre fabriqué un des trois didgeridoos, dont joue lui-même en direct le chorégraphe, placé sur un promontoire dans un coin de l’aire de jeu, côté jardin, quand il ne déambule pas, en jouant, autour et au centre des danseurs, ou même derrière l’écran, avec l’effet d’ombres chinoises.
Le directeur artistique Roger Sinha fondait en 1991 Sinha Danse à Montréal et a produit depuis plus de 50 créations, puisant dans ses expériences personnelles liées à l’identité et à la diversité, étant né à Londres d’une mère arménienne et d’un père indien. « D’os et d’écorce » a profité de résidences d’artistes ultérieurement au Centre de création O’Vertigo, ainsi qu’à la Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce.
Une rencontre avec les artistes est prévue après la représentation du jeudi 23 janvier 2020 (19h), tandis que le samedi 25 janvier (11h), l’Agora de la danse propose une « expérience famille » en matinée. « D’os et d’écorce » est présenté à l’Agora de la danse du 22 au 25 janvier et au Théâtre Hector-Charland de L’Assomption le 4 février.
À la croisée des esthétiques, dans une scénographie épurée laissant toute la place au jeu des danseurs, « D’os et d’écorce » est un travail de maturité mettant en lumière les tensions et contradictions du groupe face à l’individu. Remerciements spéciaux aux chanteuses de gorge inuites Nina Segalowitz et Lydia Etok qui ont accepté de prêter leur voix à la bande sonore du spectacle. La force de leur présence vocale nous renvoie à l’héritage ancestral sacré de leur peuple qui a subi l’effacement et l’exclusion, mais dont la culture et les traditions ont su traverser le temps malgré tout. Soulignons la collaboration sur ce projet de Katia Makdissi-Warren, compositrice canado-libannaise à la croisée des musiques occidentales, moyen-orientales et autochtones, pour qui la création devient un espace de découverte de l’autre. Elle a signé de nombreuses trames sonores en théâtre, danse, cinéma, télévision, ou expositions comme celle de Burj-Khalifa à Dubaï. La Société de musique contemporaine du Québec consacre toute sa 54e saison sous forme de série hommage à cette compositrice innovatrice.
Roger Sinha, né en Angleterre d’une mère arménienne et d’un père indien a fait de ses expériences face à l’identité et la diversité sa première source d’inspiration pour ses oeuvres. Unissant le Bharata Natyam, danse classique du sud de l’Inde, aux arts martiaux, son style contemporain est très hybride et distinct, alliant souvent les nouvelles technologies et la musique. Directeur artistique, chorégraphe et danseur, Roger Sinha fonde Sinha Danse en 1991. Gagnant de multiples prix dont le Charles-Biddle en 2018, son oeuvre est reconnue internationalement. Plus de 50 créations, dont la marquante « Burning Skin », ont tourné en Inde, au Royaume-Uni, en Algérie et aux États-Unis.
« D’os et d’écorce »
- Chorégraphie : Roger Sinha, en collaboration avec les Interprètes David Campbell, Sébastien Cossette-Masse, Marie-Ève Lafontaine, Benoît Leduc, Erin O’Loughlin, François Richard
- Musiciens : Roger Sinha au didgeridoo, Bertil Schulrabe aux percussions
- Musique : Katia Makdissi-Warren et Roger Sinha
- Voix sur bande sonore : Lydia Etok et Nina Segalowitz au chant de gorge inuit
- Éclairages : Stéphane Ménigot
- Répétitrice et conseillère artistique : Annik Hamel
- Direction technique : Jacques Pilon
- Costumes : Lyne Beaulieu
- Coach vocal : Hélène Martel
- Résidences de création : Centre de création O’ Vertigo, Maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce
