Nouvelle aile Stéphan Crétier et Stéphany Maillery pour les arts du Tout-Monde au MBAM

Outil exceptionnel pour la découverte et la compréhension de la diversité culturelle d’ici et d’ailleurs, d’hier à aujourd’hui, la nouvelle aile du MBAM expose une riche sélection issue de sa collection de 42 600 oeuvres d’art, dont plus de 10 000 œuvres archéologiques et d’artistes des cultures du monde. Cette collection est l’une des plus anciennes et prestigieuses au Canada.

L’aile Stéphan Crétier et Stéphany Maillery déploie sur 1 025 m2 quelque 1 500 objets et oeuvres d’artistes originaires de tous les continents. Dans le plus grand et le plus visité des cinq pavillons du Musée, le pavillon Jean-Noël Desmarais, elle présente des trésors d’Afrique, d’Asie, de Méditerranée, du Moyen-Orient, d’Océanie et des Amériques datant du 4e millénaire AEC à aujourd’hui. Elle invite à poser un regard croisé sur le patrimoine ancien et sur la création contemporaine, favorisant une lecture des oeuvres à 360 degrés. Son parcours témoigne d’échanges entre les cultures, entre le passé et le présent, en plus d’aborder des disciplines et des préoccupations sociales actuelles qui vont au-delà du discours de l’histoire de l’art.

Au coeur d’un musée humaniste et socialement engagé, l’aile Stéphan Crétier et Stéphany Maillery pour les arts du Tout-Monde porte des valeurs inclusives, à l’image de Montréal, métropole composée de près de 120 communautés culturelles. Elle invite à la rencontre des cultures pour une meilleure compréhension de l’altérité dans un XXIe siècle où le vivre-ensemble est un enjeu quotidien.

Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du MBAM, commissaire générale du projet explique : « Imaginé il y a cinq ans, ce projet est porté par une vision interculturelle et transhistorique, généreuse et audacieuse. Il concrétise une décennie d’efforts (études, redécouvertes, restaurations et acquisitions) avec nos conservateurs, restaurateurs, archivistes, archéologues, experts, donateurs pour valoriser, renforcer, étudier, actualiser les collections d’archéologie, de cultures traditionnelles. Depuis 10 ans, plus de 1500 oeuvres ont été acquises et nous avons fait nombre de redécouvertes. J’ai voulu complexifier les regards et diversifier les voix avec plus d’œuvres contemporaines en écho à notre monde global : grands artistes de tous les continents et Canadiens issus de la diversité et autochtones, d’ici et d’ailleurs. Trois ans, jour pour jour, après l’ouverture du pavillon pour la Paix Michal et Renata Hornstein, cette aile est inaugurée dans les espaces qu’elle avait libérés : quelle émotion ! »

« Nous avons plus que jamais besoin de penser le Tout-Monde, un monde du vivre-ensemble quand nos sociétés se fracturent. Nous souhaitons que chacun s’émerveille de nos cultures plurielles alors que notre proximité n’a jamais été si forte. C’est un voyage vers l’autre et, en même temps, la conscience de notre communauté de destin face aux enjeux actuels du développement durable et de la protection de la diversité du vivant. Ce parcours poétique rend hommage à la pensée ouverte sur de vastes horizons du philosophe de la Caraïbe Édouard Glissant pour changer nos imaginaires. Bienvenue dans une aile pour nous donner des ailes, pour "agir dans notre lieu et penser avec le monde. »

Le « Tout –Monde » : un hommage à Édouard Glissant

La collection des cultures du monde est aujourd’hui entièrement repensée. Le nom de cette collection fait écho au concept de Tout-Monde, introduit par le poète et philosophe martiniquais Édouard Glissant (1928-2011). La « Relation » est la clé de voûte de sa pensée de la diversité et du pluriel. Remettant en question la conception ethnocentriste du monde et de l’Histoire, Glissant interprète la modernité comme un processus de mise en relation, dans un monde non hiérarchisé, de tous les peuples et de toutes les cultures.

« J’appelle Tout-monde notre univers tel qu’il change et perdure en échangeant et, en même temps, la "vision" que nous en avons. La totalité-monde dans sa diversité physique et dans les représentations qu’elle nous inspire : que nous ne saurions plus chanter, dire ni travailler à souffrance à partir de notre seul lieu, sans plonger à l’imaginaire de cette totalité », a écrit Édouard Glissant dans « Traité du Tout-monde ».