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    (GR)ONDES, une oeuvre sonore délinquante en milieu scolaire

    6 juin 2013, 00h10
         |      Article rédigé par Yves Tremblay

    L’ACREQ présentait cette année la 14e édition du festival Elektra sous le thème Anti/Matière. Le Lien MULTIMÉDIA y a croisé l’artiste multidisciplinaire montréalais Étienne Grenier.

    (GR)ONDES, une oeuvre sonore délinquante en milieu scolaire Étienne Grenier. Photo: Yves Tremblay

    Pour cette occasion le créateur, également cofondateur du projet EVA (ayant livré notamment la spectaculaire performance Cinétose), et chargé de cours à l’École des médias de l’UQÀM, s’est approprié les sons issus d’une expérience déployée ultérieurement sur le site de l’école secondaire Laurier-Macdonald. Cette source donne une oeuvre sonore originale, riche en références, à partir d’un environnement dont à peu près tout le monde garde des souvenirs. À l’intérieur de l’Écomusée du fier monde, un ancien bain public du quartier Centre-sud réaménagé en salle, le créateur y a offert, sa performance « bruitiste » et spatialisée, en plus de projets parallèles enregistrés par les étudiants lors d’ateliers de création sonore, diffusés en boucles après le spectacle.

    Ludique et subversive à la fois, l’aventure tient de l’installation et de l’intervention. L’idée derrière (GR)ONDES est venue à Étienne Grenier en voyant des réalisations du centre Turbine. Il raconte : « En visitant ce que d’autres artistes avaient fait précédemment en collaboration avec Turbine, je me suis demandé spontanément quel genre de projet je pourrais bien élaborer dans un tel cadre, dans une école. Très rapidement je suis retombé dans mes impressions quand j’étais jeune, au secondaire, et comment je m’y sentais et j’y évoluais. Un des trucs qui m’a toujours frappé, c’était l’environnement sonore typique, unique et particulièrement agressant : la cloche, la voix du directeur dans l’intercom à tout moment, les sonneries régulières… »

    L’artiste décrit en détail le projet (GR)ONDES, son point de départ et les concepts qu’il véhicule : « Avec l’aide des élèves, on a mis en place des capteurs, des micros, un système que j’ai appelé ubicom. Le terme est un mot-valise créé par la contraction des mots ubiquité et communication. C’est également un écho renversé de l’intercom, un système qui suppose une communication bidirectionnelle entre agents, via un dispositif normalement hiérarchique, qui permet l’émission d’une voie unique vers un ensemble de récepteurs distribués dans l’école. Dans notre expérience, les étudiants étaient responsables de positionner les émetteurs et les récepteurs ubicom à travers les lieux de leur choix, créant ainsi un système de communication massivement horizontal et non-hiérarchique dans ce cas. Ces micros dissimulés un peu partout dans l’édifice, ont été reliés à un système sans fil, qui renvoie le son à un récepteur, toujours sans fil également, qui est associé à un haut-parleur, qui diffuse à son tour dans certains points de l’immeuble. Par exemple, on a pu capter des sons dans les toilettes pour les retransmettre dans le bureau de la direction, et vice versa. On a alors créé des situations assez singulières dans l’école ! Ce fût l’occasion de déranger un peu le fonctionnement standard, les habitudes, mais avec mesure quand même, parce que dans ce genre de projet, on ne doit pas faire n’importe quoi non plus, même si c’est un peu délinquant. Ici, l’idée de monter un système que les étudiants manipulent, c’était délibérément pour donner plusieurs voix, différentes, contrairement à ce qui se passe normalement. On a en outre effectué des inversions entre sources et points de diffusion, certains jours de la semaine, selon certaines plages horaires. »

    Constituées d’un capteur et d’un haut-parleur, ces paires d’ubicom ont été reliées à un récepteur placé en régie, ce qui a permis sporadiquement d’effectuer des enregistrements de communications parcourant le système. Certains de ces enregistrements ont servis de matériau de base à la performance présentée à Elektra, tandis que d’autres ont été captés personnellement par Étienne Grenier. Tel un géographe du son, l’artiste a ensuite spatialisé ces diverses matières sonores. Il explique : « Ces enregistrements sont associés à des lieux iconiques de l’école : la cafétéria, le gymnase, l’aire où se trouve les casiers, etc. Ces différentes prises de son ont alors été distribuées dans un espace synthétique tridimensionnel qui fait figure de carte de l’école. Ainsi, durant la performance (GR)ONDES, je déplace la position du public sur cette carte, créant de la sorte une version spatialisée des enregistrements. La plupart des sons enregistrés à l’école portent avec eux la réverbérante naturelle de l’architecture institutionnelle scolaire. Le déploiement de ces sources à l’Écomusée, une ancienne piscine, un environnement lui-même très réverbérant, a souligné cette particularité des sons recueillis. Un traitement en temps réel a également été ajouté aux sons spatialisés, de manière à augmenter leur expressivité. »

    Parsemé d’embûches, l’ambitieux programme a mis un certain temps à trouver preneur ; plusieurs institutions le trouvait en outre dérangeant, et une école volontaire s’est même avérée trop silencieuse pour se prêter à l’exercice ! C’est en s’associant avec une classe de musique que l’équipe s’est formée. Étienne Grenier explique : « La CRÉ (Conférence des élus de Montréal) distribue le plus grand nombre de projets de création un peu partout sur l’île de Montréal. Mais avec le type de notre projet, vous vous rendez bien compte qu’il faut un établissement assez ouvert d’esprit, et un enseignant assez allumé pour que ça marche bien. Avec le directeur d’école Luigi Santamaria et le professeur de musique Michael Penning, de Laurier-Macdonald, ç’a été presque un coup de foudre : je n’étais pas considéré comme un intrus, aucune questions plates, bref, une vraie connexion s’est établie entre nous. »

    L’autre difficulté s’est avérée technique. Quelque mots d’explications : « Dans la mesure où plusieurs émetteurs-récepteurs fonctionnaient en parallèle (8 lignes ubicom, impliquant chacune 3 radios, pour un total de 24), les communications avaient tendance à baver, empiéter chacune sur les autres. C’est en modifiant les paramètres des radios et en choisissant des plages de fréquences appropriées que j’ai pu éventuellement en arriver à des communications en continu. » Avec l’assistance technique d’une petite équipe, l’intervention a pris forme selon un ingénieux système. Jérôme Dumais a aidé l’artiste à effectuer des modifications électriques sur les radios portatives (communément appelées CB) de manière à produire les ubicoms. Patrice Coulombe y est allé de conseils, afin de résoudre certains problèmes électroniques, tandis que François Blais et Simon Léonard ont supporté la mise en place d’un dispositif audio dans la perspective de la performance.

    Motivé dans sa pratique personnelle par divers types d’interventions en arts numériques (impliquant robotique, vidéo, son et lumière) Étienne Grenier se dit aussi vivement intéressé par les aspects de la vie quotidienne. Il précise ainsi : « C’est un truc que je trouve important et j’ai envie, au moins dans une partie de ma production, de me situer dans un contexte de diffusion qui n’est pas celui d’un spectacle traditionnel. J’aurai donc d’autres projets de ce type-là, délinquants et critiques je dirais. » Avec Yvon Laroche du projet EVA, Grenier confie qu’il travaille présentement à un projet d’intervention destiné à un partenariat avec le quartier des spectacles à Montréal. On y abordera la question de la place des artistes dans les quartiers centraux des grandes villes.

    (GR)ONDES a vu le jour grâce à une résidence soutenue par le programme Libres comme l’art, mis de l’avant par le Conseil des arts de Montréal, conjointement avec le centre Turbine. Cet organisme favorise la recherche et la collaboration entre artistes et éducateurs, notamment avec des créations pédagogiques, des ateliers de formation, des colloques et des publications. Aux dires d’Étienne Grenier, Turbine dépasse largement la médiation scolaire habituelle, pour pousser les artistes et les classes dans une zone beaucoup plus exploratoire et communautaire.

    Une édition limitée d’environ une centaine d’exemplaires de DVD de (GR)ONDES sera publiée vers la fin de l’été 2013, rassemblant des textes de Nathalie Bachant, des photos d’Yves Amyot, le concert à l’Écomusée, des pièces musicales des étudiants, dans un graphisme qu’on nous promet très original, signé Christelle Bédard.

    En attendant sa parution, on peut en écouter un extrait sonore au :
    https://soundcloud.com/polpop-2/gymnase

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