Le sociofinancement, un outil de plus, mais pas une panacée
Économiste indépendant spécialisé dans le domaine des transformations économiques, industrielles et technologiques, Ianik Marcil s’intéresse au sociofinancement comme outil non seulement de financement, mais aussi de création d’une communauté. Pour lui, le plus important dans le sociofinancement demeure l’aspect social. Le Lien MULTIMÉDIA en a discuté avec lui.
Le financement par la communauté s’avère essentiellement une couche de plus au financement d’un projet, qui se trouve moins isolé de la production. « Le sociofinancement doit s’intégrer dans toute la stratégie de marketing de façon beaucoup plus large que l’aspect strictement financier », souligne Ianik Marcil. Certes, les outils en sont encore à leur début, toutefois une certaine maturité est déjà atteinte. Lorsqu’on parle de financement par la communauté, il faut utiliser tous les outils du Web 2.0, mais aussi ceux du marketing traditionnel. « Ce n’est pas tant la technologie qui change, mais plutôt son usage intégré dans un ensemble plus vaste », précise l’économiste.
Les créateurs et les producteurs ont-ils dorénavant en main un outil de démocratisation ? Difficile à dire, estime Ianik Marcil, puisque les expériences connues demeurent encore à petite échelle. Cependant, il est clair que le sociofinancement aide à fidéliser une communauté, d’autant plus si le projet – disons un documentaire – s’inscrit dans la réalité sociologique ou démographique de cette communauté, un lien se trouvant ainsi créé. « Le geste de donner 25 $ est beaucoup plus que symbolique, souligne-t-il. Cela rend la participation plus active, et la démocratie, c’est la participation. »
Comme pour n’importe quel aspect d’une production, l’ensemble des intervenants doit s’impliquer dans le processus, et en premier lieu, le producteur évidemment, qui doit veiller au grain à titre de coordonnateur. Cependant, il existe une expertise qui s’est développée et qu’il ne faut pas hésiter à solliciter. « Avant de se lancer dans le sociofinancement d’un projet, il faut aller voir les facteurs de succès et d’échecs de projets similaires, conseille Ianik Marcil. Parce que le sociofinancement, c’est difficile ». Un projet qui aura de la difficulté à trouver du financement traditionnel aura autant de difficulté à trouver du sociofinancement. Deuxièmement, il faut réfléchir à l’ensemble du projet, car on bâtit une communauté, qui ne doit pas être un ajout après coup, mais qui doit être intégrée dans le projet. « Il ne faut pas croire que c’est facile, il ne faut pas croire que le sociofinancement va remplacer le financement traditionnel et il ne faut pas le tenir pour acquis », conclut-il.
Ianik Marcil coanimera avec Me Éric Franchi l’atelier Sociofinancement 2 les aspects légaux et juridiques, dans le cadre du Projet COLUMBUS, le vendredi 17 mai 2013, de 8h30 à 12h30 à la Station C : 5605, avenue de Gaspé à Montréal. Inscription en ligne, formulaire sécurisé (nombre de places limitées).