L’abonnement à Qui fait Quoi comprend:

  • 250 numéros du Quotidien Qui fait QUoi
  • Mot de passe pour www.qfq.com
  • Revue Qui fait Quoi: 10 numéros par an
  • Revue Qui fait Quoi: Archives et hors série
  • 1 Guide annuel Qui fait Quoi
  • Accès au Guide de la production
  • 1 Guide QfQ COPRODUCTION
  • 1 Hors série Inclusion / Diversité

CONNEXION

  • Abonnement
  • Publicité
  • Contact
  • Guide annuel QfQ
  • Vidéos
  • Podcasts
  • Revue Qui fait Quoi
  • Boutique
  • Télévision
  • Cinéma
  • Scène • Théâtre
  • Musique
  • Animation • VFX
  • Communications
  • Industrie
  • COPRODUCTION
  • INCLUSION • DIVERSITé
  • DOCUMENTAIRES
  • TECHNOLOGIES
  • FORMATION • EMPLOIS
  • EXCLUSIFS
  • SUIVEZ-NOUS

    RSS

    RECEVEZ GRATUITEMENT
    LE QfQ en bref [voir un exemple]

    La traversée du désert des producteurs multimédia

    26 octobre 2012, 19h07

    Le 24 octobre 2012 se tenait l’assemblée annuelle du Regroupement des producteurs multimédia (RPM). Dans son discours, Marc Beaudet, président du RPM, qui a parlé à plusieurs producteurs numériques et membres du RPM au cours des derniers mois pour dresser un constat qu’il qualifierait de « traversée du désert », a tenu à dresser un portrait positif de la situation, tout en rappelant qu’il s’avérait important de dire « les vraies affaires », même si cela peut être douloureux. Le Lien MULTIMÉDIA reproduit ici ce discours.

    La traversée du désert des producteurs multimédia

    Discours du président du Regroupement des producteurs multimédia dans le cadre de l’assemblée annuelle de l’association le 24 octobre 2012

    Au cours des derniers mois, j’ai parlé à plusieurs producteurs numériques et membres du RPM pour dresser un constat que je qualifierais de « Traversée du désert ». J’aurais aimé vous dresser un portrait positif de la situation, mais, ici, il est important de se dire les vraies affaires, même si cela va faire un peu mal. La situation est moins pire que je le pensais au début à l’origine alors que je voulais appeler mon discours « La Tempête parfaite ». Malgré tous les signaux et messages positifs et malgré la croissance de la majorité des entreprises, les entrepreneurs traversent une période caractérisé par la chute de la profitabilité de leur entreprise. Je parle aujourd’hui comme président du RPM. Les points soulevés dans mon discours ne représentent pas le point de vue de Turbulent. Je parle aujourd’hui pour les entreprises membres du RPM

    Les causes principales de la chute de la profitabilité :

    • La rareté et la cherté de la main d’œuvre.
    • La baisse des budgets moyens par projet dans plusieurs secteurs névralgiques.
    • La complexification des projets et enjeux technologiques - L’arrivée des plateformes mobiles et la compatibilité ou le responsive design résulte en beaucoup de travail.
    • L’augmentation des dépenses de recherche et développement pour les entrepreneurs
    • L’appauvrissement des grands donneurs d’ouvrages (fin de l’alliance historique entre le contenu et la publicité)
    • Le problème du crédit d’impôt défavorable pour les producteurs numériques québécois.
    • La fuite de contrats vers l’Ontario pour la raison précédente
    • L’absence de programme numérique conséquent pour la production culturelle originale pour le web au Québec.

    Maintenant voici un tour d’horizon des principaux secteurs dans lesquels nos membres sont actifs :

    Le secteur de la télévision et de la convergence

    C’est un secteur que je connais bien. Je participe d’ailleurs aux rencontres du comité industriel consultatif du Fonds des médias du Canada, des différents comités de la SODEC et du comité directeur du BCTQ.

    Le secteur de la convergence et les soutiens des institutions de financement ont positionné le Canada comme un leader international dans ce domaine. Récemment, dans le cadre du MIP TV, plusieurs projets convergents ont été présentés et applaudis par l’assistance. Nous avons donc raison d’être fiers de nos accomplissements dans ce domaine.

    Mais, tout n’est pas rose et des problèmes structuraux se posent :

    • La baisse des budgets moyens par projet, notamment au niveau des licences ; le budget moyen est passé de 350 K en 2008 à 140 K en 2011.
    • Les compressions annoncées de 115 millions à Radio-Canada et de 6,7 millions à l’ONF auront un impact qui se fera sentir sur la production numérique.
    • L’internalisation croissante d’une part de la production par les diffuseurs et des producteurs.
    • Paradoxalement, le Fonds Bell n’a pas réussi à dépenser leur budget dans la dernière année.

    Ce n’est pas par manque d’argent que c’est difficile, c’est à cause de la résistance aux changements des diffuseurs et des producteurs télé qui au lieu de saisir l’opportunité de développer des propositions de contenu innovantes et originales, ont une approche de « conformité à la règlementation » et se plaigne des nouvelles règle « c’est la faute au CMF », et adopte une attitude défensive « il faut que ça coûte le moins cher possible, etc. »

    Au contraire, il devrait voir cela comme une opportunité extraordinaire d’investissement et de positionnement pour construire l’avenir.

    Certains producteurs font d’ailleurs un pas dans la bonne direction en mettant en place des départements Web internes impliquer dans la conception et la production. Il faut dès lors souhaiter qu’on leur donne les moyens de réussir.

    J’entends déjà les diffuseurs et producteurs rire dans mon dos et me mettre sur le nez l’absence de modèle d’affaires et le cout élevé des projets numériques ainsi que leur absence de ROI – justement, parlons-en de modèle d’affaires…

    • D’abord, en culture et en télévision, on parle surtout de financement, très peu de projets sont rentables si on enlève les subventions (Aides, Crédit d’impôt, etc.)
    • De plus, sur le web, on donne le contenu ! – Si un enfant donne son Kool Aid sur le coin d’une rue, c’est sûr qu’il ne ramènera pas beaucoup d’argent à la maison.
    • Pas d’argent sur la numérique ? Pourtant, parmi les plus grandes sociétés de l’heure, Apple, Google, Amazon, elles sont toutes des entreprises qui ont su créer des modèles d’affaires performant sur le numérique.
    • Le cas d’Apple est le plus impressionnant notamment par le pied de nez fait à l’industrie de la musique
    • Pendant ce temps, ici, on veut rentabiliser les investissements numériques avec la publicité et l’impression de bannière ! (problème accentué par les encans de bannière qui a produit un recul important du prix du CPM)
    • La compétition des sites internationaux voit même une partie des budgets publicitaires s’envoler vers la France et les États-Unis. (Le Lien MULTIMÉDIA aujourd’hui)
    • Il ne faut pas oublier que des menaces se profilent à l’horizon, que ce soit les OTT (Over the Top ; Netflix, etc.) ou les perspectives à long terme d’abonnement au câble (qui baisse actuellement aux États Unis) et les changements dans les habitudes de consommations des contenus notamment dans les audiences plus jeunes.

    Il est clair qu’il y a de belles opportunités à saisir, mais qu’actuellement notre industrie télévisuelle, comme avant elle l’industrie de la musique, se cache la tête dans le sable.

    Ce secteur est pourtant l’un des domaines les plus expérimentés dans la production numérique indépendante et est une des industries nationales les plus récompensées à l’internationale.

    La websérie

    Le secteur de la websérie linéaire a été un des grands succès du Canada francophone avec plusieurs titres qui ont fait le tour du monde. Pourtant, aujourd’hui et malgré cela, plusieurs producteurs se sont reconvertis à d’autres activités ou ont cessé leur activité.

    • En 2008, l’arrivée de plusieurs entrepreneurs a vu la création d’un comité de la websérie au RPM. 
    • Ce secteur fonde beaucoup d’espoir sur les changements à venir dans la refonte des fonds de Financement, notamment Téléfilm qui deviendra le Fonds Expérimental et le FIP (Fonds Indépendant de production).

    Malheureusement, ces changements dans les programmes de financement ne favoriseront pas ces pionniers. Plusieurs même ne seront jamais financés et certains cesseront toutes activités.

    • Il y a une absence de financement adéquat pour ce genre.
    • En réalité, il y a 4-5 projets financés par année au Québec.
    • Le besoin d’interactivité et d’expérimentation demande un niveau élevé d’expertise créative et dure à trouver même pour les firmes les plus expérimentées.
    • La nécessité de diversifier ses activités pour demeurer en affaire peut en fait faire en sorte qu’ultimement l’entreprise ne fait plus de webséries.
    • La nécessité des ventes étrangères menace la production en français. Les webséries en anglais ont un avenir devant elle, même la France en achète.

    La websérie est un secteur en difficulté ou le producteur s’accroche dans l’espoir de temps meilleurs.

    Pourtant, de l’autre côté de la frontière, les grands acteurs du web comme YouTube mettent en place des programmes de soutien pour ce genre. Ont-ils compris quelque chose que nous avons oublié ?

    Le secteur de la production publicitaire

    Le secteur de la pub a été un des grands moteurs de notre secteur de 1995 à 2008. Des projets extraordinaires sont sortis de cette filière, illustrés par de nombreux prix internationaux.

    Ce secteur a aussi représenté une part importante de la profitabilité des sociétés de services.

    Malheureusement, la récession a fortement ébranlé ce secteur et réduit ses investissements en numérique.

    • Selon le RFAVQ, le milieu est ébranlé et il recherche un nouvel équilibre qui tiendra compte des changements technologiques et sociaux qui l’assaillent.
    • La baisse de budget publicitaire et leur déplacement vers l’internet dont une part importante se retrouve sur les moteurs de recherche
    • La baisse des budgets moyens par projet – on est dans une dynamique de machine à saucisse pour la production de sites de concours et de bannières publicitaires.
    • Les agences s’orientent de plus en plus vers des campagnes de médias sociaux sur des plateformes existantes (Facebook, Twitter, YouTube, Pinecrest, etc) et délaissent la production interactive originale.

    Il est étonnant de voir un secteur qui a exercé un tel leadership technologique être devenu l’ombre de lui-même sur le numérique ; comme si dorénavant seuls le graphisme et la maitrise de WordPress et Facebook suffisaient pour satisfaire les besoins de sa clientèle.

    • Un des grands problèmes vient de la nature des dépenses publicitaires qui est en grande partie concentrée dans les mots clés (60 % à 70 % selon différentes études).
    • Il est clair selon moi que l’industrie publicitaire cherche de nouveaux modèles et doit se réinventer sur les supports numériques ; j’aime beaucoup le titre de l’ouvrage de Pierre Delagrave à cet effet « On efface tout et on recommence »

    On parle beaucoup de « Branded Contents » de « Brand avertizing experiences » et autres mots-clés galvaudés d’un forum à l’autre, mais en réalité peu de ces projets sont réellement produits.

    Il faut tendre la main à l’industrie publicitaire et chercher à mettre en place des alliances créatives et productives. Il ne s’agit pas de déterminer qui a besoin de qui, mais plutôt de trouver des façons de travailler ensemble qui soient bénéfiques pour les deux partis.

    Le secteur des jeux

    Encore considéré comme le roi de la montagne et comme une industrie exportatrice et stratégique, il n’en demeure pas moins que ce secteur fait face à des challenges importants. La nature des aides gouvernementales pour ce secteur est lui aussi porteur de problématiques déstructurantes pour l’industrie.

    • Secteur dominé par de très grandes sociétés qui emploient plus de 91 % de la main-d’œuvre.
    • Secteur dominé par les entreprises étrangères.
    • Secteur qui favorise l’internalisation des projets et sous-traite peu – CAUSE : la nature du crédit d’impôt qui favorise la main d’œuvre interne.
    • Secteur dont les besoins de main-d’œuvre croissants de 23,4 % par années depuis 2002 à Montréal
    • Secteur en transformation importante avec la multiplication des plateformes et le déclin des licences AAA
    • Secteur qui a subi une baisse de revenus importante dans la dernière année – dixième déclin mensuel consécutif en septembre 2012. Source : la Presse 12 octobre 2012)

    Il est étonnant ici de voir à quel point les pouvoirs publics ont eu la courte vue dans la mise en place des aides à ce secteur. Attirer les investissements étrangers par des mesures fiscales avantageuses. D’abord basé sur l’immobilier puis sur la main d’œuvre, on dirait que jamais la création d’une grappe industrielle forte et de propriété canadienne n’a été le but recherché.

    Aujourd’hui, alors que nos politiques fiscales sont imitées partout dans le monde, comment allons-nous conserver ces entreprises ici ?

    • Pour les producteurs numériques, le grand ennemi – la pénalité à la sous-traitance dans le calcul du crédit d’impôt au titre multimédia dans le crédit à la R&D. Les entreprises ont tendance à staffer à l’interne d’abord à cause des politiques publiques ; défavorisant du même coup l’appel à des producteurs locaux.
    • De plus, la concentration du crédit d’impôt québécois dans la main d’œuvre salariée des grands studios crée une pression importante sur les salaires et défavorise les entreprises qui n’y ont pas accès (notamment les entreprises diversifiées qui n’ont pas le seuil de qualification)

    En conclusion

    Nous traversons tous une période difficile et rencontrons tous des difficultés exacerbées par des conditions de marché défavorables, des enjeux de main d’œuvre, des enjeux technologiques ; tous ces facteurs combinés créent une économie de risque caractérisé par une baisse de la profitabilité et de l’investissement.

    Je suis confiant que c’est une situation temporaire d’abord, toutes les crises économiques ont une fin et je dois admettre que nous avons de plus en plus l’oreille des pouvoirs publics.

    Et, nous sommes tout de même dans un des secteurs économiques les moins touchés par la crise mondiale.

    On a souvent des alliés dans les endroits ou on s’y attend le moins, et je dois avouer que certaines initiatives du FMC comme la création du volet expérimental et, plus récemment, le volet de la mesure incitative ont eu des effets très bénéfiques pour l’industrie. Je dois aussi remercier le ministre du Patrimoine, l’honorable James Moore pour sa vision et son soutient pour les médias numériques.

    Nous devons rester solidaires les uns des autres et s’entraider afin de sortir fort de cette crise et de profiter de la prochaine période de croissance et de prospérité.

    Plus que jamais le RPM a un rôle à jouer pour assurer la juste représentation de notre secteur face au pouvoir public et règlementaire.

    Ça vaut la peine de se battre parce qu’on a un potentiel énorme et nous sommes les meilleurs. Notre créativité est reconnue à travers le monde.

    Je compte sur vous, car ensemble et unis nous pouvons contribuer à développer l’industrie numérique et en faire un pôle de création de richesses et de diffusion culturelle !

    Nous devons soutenir et développer la production numérique indépendante, car elle est source de pluralité et de créativité !

    Merci

    Sur le même sujet

    Intéressé.e à reproduire un article, une photo ou une vidéo ?

    En bénéficiant de notre licence de reproduction, vous pourrez :

    • publier un article dans vos sites Web, dans vos infolettres, dans vos réseaux sociaux, etc.
    • en modifier la longueur
    • recevoir les photos (et vidéos, si applicable) en haute résolution
    • publier les photos (et vidéos, si applicable) dans vos sites Web, dans vos infolettres, dans vos réseaux sociaux, etc.
    • le contenu devient public sur notre plateforme, ce qui vous octroie encore plus de visibilité

    Sous réserve que les droits sur les contenus que vous souhaitez reproduire (textes, photos ou vidéos) nous appartiennent.

    DERNIERS ARTICLES

    MUTEK et la SAT annoncent une alliance stratégique

    MUTEK et la SAT annoncent une alliance stratégique

    Suite
    28 mars 2024, 03h00
    « Dans les médias » décerne ses prix

    « Dans les médias » décerne ses prix

    Suite
    28 mars 2024, 01h00
    L’ONF participe à Hot Docs avec 7 documentaires

    L’ONF participe à Hot Docs avec 7 documentaires

    Suite
    28 mars 2024, 01h00
    Noovo programme un 31 mars sous haute pression

    Noovo programme un 31 mars sous haute pression

    Suite
    28 mars 2024, 00h30