Il a beau être Américain et ne pas connaître le droit canadien ou le Code civil québécois, Greg Boyd n’en a pas moins donner d’excellents conseils aux créateurs de jeux vidéo qui auraient des velléités d’ouvrir leur propre entreprise lors de sa présentation fort courue pendant le Sommet international du jeu de Montréal 2010. Avant toute chose, il faut bien planifier et calculer ce que l’on veut faire. Les idées de jeux ne sont pas uniques, tout le monde peut avoir une idée ! Ce qui compte, c’est l’équipe. Trouver de l’argent coûte cher. Voilà ce qu’affirme celui qui a travaillé avec plus de 20 entreprises - dont Activision et Sony - au cours des sept dernières années.
Lancer sa propre entreprise est d’abord une question de négociation, note Greg Boyd. Il faut dès le départ comprendre qui détient le levier et comment les contraintes de temps peuvent affecter les négociations. « Tenter de négocier à la dernière minute aura généralement pour résultat que vous vous ferez avoir, affirme Greg Boyd. Et lorsque vous négociez, soyez un développeur d’affaires, pas un vendeur de voitures usagers. Attardez-vous aux détails, ne dites-vous pas que vous pourrez régler certains éléments plus tard. Commencez à travailler sur la base de la bonne foi peut vous jouer des tours. »
L’argent demeure, évidemment, le nerf de la guerre. Toutes les avenues doivent être explorées : votre oncle Jacques, vos cartes de crédit, le capital-risque, les anges financiers et les investisseurs professionnels ; tout est bon à prendre. Pour éviter tout risque de perdre sa chemise, il faut poser des questions et comprendre que ce n’est pas parce qu’on détient 51 % des parts de l’entreprise qu’on la contrôle. « Vos idées ne sont pas uniques, contrairement à votre équipe, explique Greg Boyd. Il faut donc penser à des incitatifs pour conserver les membres de cette équipe. Ne payez pas vos développeurs au nombre de lignes qu’ils codent. Trouvez des façons innovatrices de les impliquer dans l’entreprise. »
Trop souvent, les gens qui veulent démarrer leur entreprise ne comprennent pas les méandres du droit. Il est donc essentiel de trouver un avocat... et pas n’importe quel avocat. Est-ce que celui que vous avez choisi connaît le monde du jeu vidéo ? Est-ce qu’il vous explique clairement les choses ? « Votre avocat ne doit pas être là pour vous dire ce que vous ne pouvez pas faire, mais plutôt comment faire, souligne l’avocat. Dites-vous bien cependant qu’on vous dira parfois non.
Greg Boyd a dressé une liste des erreurs qu’il a lui-même faites. « Attention de bien séparer responsabilité et autorité, conseille-t-il. Ne vous pendez pas avec vos lacets de souliers ; demandez-vous quand les choses n’ont plus de sens. Je l’affirme : un fondateur finira toujours par quitter l’entreprise. L’argent le plus important est l’argent qu’on vous donne tout de suite. Recourir aux tribunaux est toujours une mauvaise option, vous serez toujours perdant. Les codes sources ouverts, les licences libres en tout genre ne sont que des hallucinations causées par la drogue ! Aller prendre des lignes de codes à droite et à gauche qui sont libres de droit ne fera que compliquer les choses. Évitez de rêver au modèle hollywoodien qui donne l’illusion que les professionnels de la finance sont des génies. »
Vu le nombre de personnes qui se sont ruées sur le conférencier à la fin de sa présentation, on a l’impression que tous les développeurs de jeux vidéo rêvent d’ouvrir leur propre boîte. L’histoire ne dit pas si les conseils de Greg Boys les auront refroidis ou non.
