Sylvie Van Brabant veut forcer la jeunesse à s’investir grâce à son film Visionnaires planétaires
Cinéaste depuis 25 ans, Sylvie Van Brabant sait que son denier projet, Visionnaire planétaire, ne faisait que commencer avec son lancement dans les festivals où il a connu un grand succès. « Je ne voulais surtout pas faire un film catastrophe, explique-t-elle. Je sais que les choses vont mal au niveau de l’environnement et j’aurais pu réaliser un film simplement pour décrier la situation. Je voulais plutôt créer une œuvre pour contrecarrer le défaitisme et donner de l’espoir. » Le Lien MULTIMÉDIA a rencontré la réalisatrice.
Ayant filmé plus de 100 heures d’épreuves de tournage pour réaliser ce film, Sylvie Van Brabant a dû faire des choix déchirants sur la table de montage. « Mon idée à la base était de faire un long métrage, même si on aurait facilement pu faire une série avec tout le matériel qu’on a amassé, explique-t-elle. Je voulais prendre les connaissances qui existent sur les solutions durables et les présenter en contant une histoire. C’est pourquoi j’ai décidé d’organiser la rencontre entre Christian De Laet et Mikael Rioux, celui que l’on suit dans le film. »
Son choix de suivre Mikael Rioux a été en partie dicté par son désir d’engager la jeunesse dans ce combat. « Je visais un auditoire de 18 à 35 ans, parce que c’est cette génération qui sera directement affectée par les changements qui auront lieu sur la planète. Mikael [Rioux] est un jeune papa et il passe bien à l’écran, dit-elle. C’était un scénario où la jeunesse rencontrait des personnes d’expérience, qui travaillent dans ce domaine depuis longtemps et qui sont devenues des sommités dans le domaine. En même temps, tous ces gens ont réussi en commençant leurs actions avec de petits groupes qui n’ont simplement jamais abandonné. »
Sylvie Van Brabant est pleinement consciente du pari presque impossible qu’elle s’était elle-même lancée, soit de discuter avec sept différentes sommités dans un film de 83 minutes. « Dans le scénario original, il ne devait y avoir que quatre personnes interviewées. Par contre, Christian [De Laet] nous a convaincus d’aller rencontrer certaines de ses connaissances et ce furent des rencontres importantes pour Mikael. Je trouvais intéressant de parler de ces rencontres parce qu’elles ont eu une influence et on pouvait sentir le changement que cela occasionnait chez lui. »
Ayant dû nécessairement mettre de côté de nombreux extraits, la réalisatrice entend continuer de faire vivre son projet grâce au Web. « La déclinaison sur le Web est essentielle, explique-t-elle. Le film était là pour présenter une vision d’ensemble, le site Web sera là pour présenter les détails, poursuivre la discussion et pousser à l’action. » Le site n’en est donc encore qu’à ses débuts et sera en grande partie développé par son fils, qui a aussi beaucoup contribué au film tant à la recherche qu’au montage.
Ayant profité d’un budget d’un million $ et tourné avec une équipe réduite pour éviter tout gaspillage qui aurait des conséquences écologiques, Sylvie Van Brabant se dit comblée de la réaction du public jusqu’à présent. « Je sais déjà que le flambeau est en train de se passer, explique-t-elle. Les jeunes viennent nous voir après les projections pour nous remercier. J’ai même un de mes monteurs qui a avoué, lors de la projection à Toronto, qu’il était pessimiste avant ce film, mais qu’aujourd’hui, il a envie de relever ses manches. » Une personne de l’équipe sera d’ailleurs présente à chaque représentation du documentaire en salle.