Sélectionné dans la compétition pour la Palme d’or en 1971, basé sur un roman de Kenneth Cook et réalisé par Ted Kotcheff (« Firts Blood »), « Wake in Fright » pose un regard brutal sans concession sur ce qui se produit lorsque des hommes sont laissés à eux-mêmes dans la campagne avec des armes à feu et beaucoup de bière. Sur le grand écran, ça promet d’être inoubliable. Préparez-vous. Le film est présenté le 24 juillet à 21h30.
Il y a quelques années, alors que le documentaire « Not Quite Hollywood » de Mark Hartley sur les films d’exploitation australiens était en tournée dans les festivals, plusieurs titres mentionnés dans celui-ci faisaient baver d’envie les connaisseurs. Par contre, l’une des œuvres discutées, une que Hartley affirmait être le point de départ de la marque de commerce distinctive du cinéma d’horreur provenant d’Australie, demeurait insaisissable... jusqu’à aujourd’hui ! Longtemps considéré comme un film perdu indisponible sur le marché vidéo, une nouvelle copie 35 mm des Archives nationales du film et du son d’Australie laisse un tout nouveau public constater pourquoi « Wake in Fright » est une pièce essentielle dans le développement du cinéma de genre australien.
John Grant (Gary Bond) est un enseignant collé à un poste dans une ville désertique de l’Australie. Alors que le temps des fêtes approche, son rêve de prendre des vacances à Sydney avec sa petite amie est perturbé lorsqu’il s’arrête pour une nuit dans la communauté minière de Bundanyabba. Il est clair dès le début que ce lieu suit ses propres règles avec un rythme ponctué par le toussotement des pompes à fût, le cliquetis des verres de bière, la sonnerie des caisses enregistreuses et les chansons grivoises. La détermination de John de rester à l’écart est mise à l’épreuve à chaque instant par des paysans en sueur pour qui ne pas partager des tirades d’ivrogne à haut volume est une grave impolitesse. Quand il flanche en participant à un match de lancer du sou noir dans lequel il perd rapidement tout son argent, il se retrouve à la merci de « l’hospitalité agressive » du bled, restant coincé là. Il se joint alors aux turbulents vieux garçons du coin, incluant un Jack Thompson méconnu à l’époque (bientôt une vedette locale) et un Donald Pleasence à l’obsession sexuelle troublante. Pendant l’une des nombreuses beuveries, John se vante d’être médaillé de tir, ce qui conduit à la séquence très controversée de chasse au kangourou utilisant des images graphiques d’une véritable poursuite autorisée. Même si le climat d’angoisse est palpable durant tout le film, c’est à travers ces scènes que la dégradation physique et morale de John est solidifiée.