[Fantasia] Bianca Beauchamp, reine des nuits fétichistes montréalaises
Le fétichisme débarque au festival Fantasia ! Bianca Beauchamp : All Access, un des rares films sur le monde underground du latex et du fétichisme, est la première réalisation au grand écran de Martin Perreault. Et le gars connaît bien son sujet ! En couple avec Bianca Beauchamp depuis 1995, il se met à la fixer sur pellicule l’année suivante. Ce qui était au début un jeu est devenu un style de vie puis une carrière. De l’image fixe au mouvement, il n’y a qu’un pas, que le couple vient de franchir.
Bianca Beauchamp : All Access est un projet personnel du couple. « Nous voulions offrir un document aux fans de Bianca et faire connaître le milieu du fétichisme aux autres, explique Martin Perreault. Les gens ont une vision erronée du fétichisme, ils pensent que c’est underground, sombre, alors que ce n’est pas du tout ça ! ». Le fétichisme, Bianca Beauchamp et Martin Perreault connaissent : ils le pratiquent depuis 12 ans. Caméra HD à la main, il a donc suivi sa douce et ses copines lors du Festish Weekend de Montréal en 2006.
« Le passage de l’appareil photo à la caméra a été très facile, raconte le photographe de profession. C’est tout simplement de faire passer l’image fixe au mouvement. » Il faut dire que le photographe a fait ses classes à la faculté de cinéma de l’Université Concordia. « Nous avons filmé, avec quatre caméras, tous les événements de la fin de semaine, sans canevas. La caméra suit Bianca tout le temps, des préparatifs chez elle à la soirée qu’elle animait. »
Le film capte aussi Susan Wayland et Jean Bardot, mieux connu sous le nom de Rubberella, deux autres stars du fétichisme québécois. Le résultat : 25 cassettes d’une heure chacune qui ont demandé à Martin Perreault des heures de montage pour en arriver à un film de 70 minutes, très coloré, on s’en doute, mais aussi très humoristique. Le cinéaste a fait appel à trois autres caméramans pour l’aider dans le tournage. Au montage, il a d’ailleurs vu la distinction entre ses propres images et celles des autres : « Il y avait une différence à cause de la relation que j’ai avec Bianca. Et j’avais une idée précise du produit final alors que les autres non. »
« C’est la première fois qu’un film présente le monde du fétichisme, affirme Martin Perreault. Les gens de ce milieu sont méfiants, les médias ayant tendance à traiter le sujet de façon grossière. Mais comme nous sommes de ce milieu, c’était plus facile. La caméra était omniprésente, un peu comme un voyeur. Il faut dire que ces filles sont habituées à être dans l’oeil du public. Les gens à qui nous avons présenté le film ont beaucoup ri, ils étaient surpris de voir l’environnement du monde fétichiste, si excentrique et si amusant. »
Pas d’argent de Téléfilm ou de la SODEC pour ce film, on s’entend. Le couple a financé lui-même le projet, en collaboration avec le manufacturier de vêtements en latex Polymorphe et Club Sin, un club pour les amateurs de fétichisme.
Bianca Beauchamp et son conjoint espèrent que Fantasia donnera à leur film une visibilité ; ils aimeraient intéresser un télédiffuseur, du genre Showcase, pour le diffuser mais aussi pour développer d’autres projets. La sortie en DVD se fera lors de la quatrième édition du Festish Weekend, qui se tiendra du 31 août au 2 septembre 2007. Un public déjà acquis, on s’en doute.
« Une grande partie de la clientèle de ce film fréquente déjà le milieu », précise Martin Perreault qui n’est pas dérouté par l’association entre son film et le festival Fantasia. « Le milieu du cinéma fantastique et celui du fétichisme/latex sont deux mondes qui s’entrecroisent très facilement. Les adeptes du fétichisme sont souvent des gens qui aiment ce genre de cinéma. Et le public de Fantasia est ouvert d’esprit. Ce sont des gens qui veulent voir des films différents. »
Martin Perreault et Bianca Beauchamp sont en train de préparer la suite, All Access 2, qu’ils tourneront au cours du prochain Fetish Weekend.