Alexia Bhéreur-Lagounaris (Ablblalab) navigue depuis 30 ans entre les médias, l’art, l’événementiel et la recherche

Alexia Bhéreur-Lagounaris possède un solide profil multidisciplinaire duquel a éclot l’idée d’une entreprise qui rassemblerait toutes ses compétences ainsi que ses passions en une seule structure. « J’ai accumulé plus de 25 années d’expérience dans le milieu artistique, la création d’événements, mais également dans la recherche. On peut dire que j’ai suivi un parcours pluridisciplinaire. Ablblalab est l’aboutissement et la continuité de ce que j’appelle mes quatre vies », confie-t-elle.

Après des études poursuivies aux Ateliers de danse moderne de Montréal en 1988 et des études d’art à l’Université de Toronto en 1993, la jeune femme démarre sa carrière professionnelle comme danseuse, comédienne et chorégraphe. À ce titre, elle participe à de nombreux spectacles et tournées québécoises, canadiennes et américaines durant une quinzaine d’années.

Puis elle intègre l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et obtient un baccalauréat en communications avec option cinéma et multimédia interactif. Durant 6 ans, elle cumule une multitude d’emplois dans plusieurs secteurs différents. Elle travaille notamment dans le domaine de l’événementiel, comme directrice de production au sein des entreprises Atopia, Nu Films, Gadjo-Dilo Films et Ruelle Inc. Elle va également mettre un pied dans le secteur de l’information en occupant un poste d’adjointe à la réalisation à Radio-Canada ; elle travaille notamment sur les projets Première chaine 95,1, Espace musique, et Chaîne culturelle. Pendant plus de deux ans, elle se chargera également de dépister et de recruter de nouveaux talents artistiques pour le Cirque du soleil. Enfin elle s’occupe également de l’organisation et de la programmation artistique pour plusieurs événements dont Les rendez-vous du cinéma québécois, ainsi que le Twestival Montréal 2010. « J’ai travaillé comme créatrice d’événements pour des festivals de films, des cabarets, des salles de spectacles », précise-t-elle.

À partir de 2011, Alexia Bhéreur-Lagounaris change d’univers et intègre, en tant qu’assistante de recherche et coordonnatrice du laboratoire Vespa, le Centre culture et société qui est l’un des quatre centres de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Dans cet établissement universitaire dédié à la recherche, aux études de cycles supérieurs et à la formation des chercheurs, Alexia Bhéreur-Lagounaris travaille sur des thèmes abordant les jeunes ainsi que les espaces publics. « Je suis entrée à l’INRS où j’ai travaillé avec des chercheurs sur des sujets qui m’ont profondément touchée. Cette expérience m’a en quelque sorte contaminée puisqu’elle m’a donné l’envie de poursuivre dans ces voies-là », nous explique-t-elle.

En 2014, elle reprend ses études à l’Université de Montréal où elle obtient une maîtrise en communications. Elle se spécialise dans le jeu qui est pour elle un moyen de réunir ses compétences autour de thèmes qui lui tiennent particulièrement à coeur tels que la réappropriation de l’espace public, la collaboration, l’inclusion collective ou encore la réappropriation du langage et de la communication. « Le jeu est un outil extraordinaire, estime-t-elle. Il est polyvalent, il peut se présenter sous de nombreuses formes différentes et peut aborder tous les sujets sans restriction. Il est également source de collaboration et donne l’occasion de pratiquer tous ensemble, de faire de l’écoute ou encore de donner la parole. Depuis toujours, je me suis servie du jeu. Déjà lors de mes expériences de chorégraphe, je me servais du jeu auprès des personnes avec lesquelles je travaillais. » Par ailleurs, elle y consacrera son sujet de maîtrise : « Les jeux numériques à portée sociale et les valeurs qui s’y rattachent ». En parallèle, elle participe en tant que conférencière et commissaire à de nombreuses tables rondes et conférences sur les jeux vidéo à portée sociale et sur les enjeux de la communication.

Dès 2015, Alexia Bhéreur-Lagounaris fonde Ablblalab, société de design d’événements ludiques et de création de jeux à portée sociale. « Je voulais créer une entreprise avec laquelle je pourrais mettre sur pied les différents projets que j’ai en tête. Je me spécialise dans l’organisation de projets novateurs, notamment les jeux à portée sociale qui font l’objet de ma maîtrise », indique-t-elle. Elle réalise plusieurs projets en collaboration avec plusieurs organismes tels que « Les milles fins : Chasse au trésor urbaine », en partenariat avec Mémoires du Mile End, ou encore « Pipoes » en partenariat avec la Société des arts technologiques (SAT). En parallèle la même année, elle se lance dans une maîtrise en design de jeux intitulée « Sciences appliquées en aménagement, Option Design et Complexité (DESCO) ».

Depuis 2017, Alexia Bhéreur-Lagounaris est également coordonnatrice du projet de recherche « Transformative Youth Spaces » en partenariat avec Tryspaces, et orchestré par l’INRS dans le but de stimuler la recherche collaborative entre jeunes, chercheurs, décideurs, artistes et acteurs associatifs. « Pour ce projet, j’ai amené la SAT, Creo et Affordance à collaborer ensemble. C’est extrêmement enrichissant car chacune de ces entités possède des connaissances, des compétences et des approches différentes. Moi je suis là pour servir d’entremetteuse entre tout le monde ; j’aide à la collaboration et à l’idéation tout en gardant pour cible la visée finale du projet », précise-t-elle.

Ainsi, Alexia Bhéreur-Lagounaris a passé près de 30 ans à naviguer entre les domaines des médias, de l’art, de l’événementiel et de la recherche. Toutefois cette dernière souhaite, dans un avenir proche, se recentrer sur les activités liées à Ablblalab afin de pouvoir pleinement se consacrer à ses projets personnels. Force est de constater le regard novateur qu’elle porte sur les enjeux de société à travers la lentille des jeux à portée sociale. « Nous sommes tous interdépendants entre nous, mais aussi de la nature, de l’air, de la nourriture, de l’eau. Pour moi les jeux que j’aimerais créer et dont je serais la plus fière ce serait ceux qui montrent à quel point nous avons besoin les uns des autres et qui donneraient la possibilité à toutes sortes de gens de cultures différentes de jouer et de collaborer en ayant le même but, celui de créer ensemble un projet constructif et responsable », conclut-elle.